Hugo Barriol : "Je passe d’abord par la musique pour arriver à mon texte"

Hugo Barriol : "Je passe d’abord par la musique pour arriver à mon texte"

Le chanteur adepte de voyages et d’expériences inédites revenait le 2 novembre avec un nouveau morceau, "High Hopes", introduction de son nouvel EP daté pour le 2 décembre. Invitation au voyage et à la gaieté, ce projet se dévoile par les mots de son auteur, dans une interview tout en douceur.

Tu as commencé à Sydney, avant que tu ne commences à jouer dans le métro et puis à Londres. Est-ce que ton envie de musique est née à Sydney ?
Non, ça faisait longtemps que je baignais dans la musique, par mon père qui avait un groupe et qui écrivait ses textes. Il répétait dans notre cave, et ils avaient une batterie, donc j’y ai joué durant toute mon enfance. J’ai ensuite eu un groupe de musique à 18 ans, avec lequel j’ai commencé à chanter et à faire de la guitare. Mais c’est vraiment en Angleterre que j’ai commencé à écrire des chansons, et ça s’est concrétisé à Sydney. Au début c’était un hobby, et puis le voyage à Sydney a tout précisé : j’ai voulu en faire mon métier. Et grâce à "On The Road" et à mon travail dans le métro ça a eu lieu puisque j’ai rencontré un producteur et une directrice de maison de disques.

Qu’est-ce que tu tires de ton expérience dans le métro, par rapport à ton public ?
Ça a donné une direction à la composition de mes titres : par exemple je me suis rendu compte que ma musique sonnait mieux au picking, j’ai aussi eu tendance à composer en jouant de la guitare avec des arpèges, ou encore à vouloir retrouver dans mes enregistrements la révèrbe qu’il y avait dans les couleurs du métro. Ça m’a aussi demandé de pousser ma voix dans les aigues. Et puis, toutes ces heures passées à jouer mes chansons dans le métro m’a permis de trouver ma voix et de la travailler, de l’améliorer.

Après tu as eu la chance de rencontrer ce producteur et cette directrice de maison de disques, tu as pu partir sur les routes en tant que première partie d'Alain Chamford ou encore Gavin James. Qu’est-ce que tu tires de cette expérience ?
C’était le jour et la nuit entre le métro et la scène. Je me suis retrouvé devant des gens qui étaient là pour écouter ce que je faisais, ils n’étaient pas juste de passage. J’ai dû apprendre cette nouvelle relation avec le public, apprendre à être à l’aise. Ça a été une deuxième école après celle du métro : cette fois j’avais des gens qui m’écoutaient, d’autres qui m’aident à tout perfectionner… Ça n’a pas de prix.

Quel est ton processus pour écrire tes textes ?
La musique et l’écriture vont ensemble, et j’essaye que mes mots aient du sens, même si ce que je raconte est très personnel. Mais ça fonctionne souvent avec la musique : dès que j’ai un air ou une idée en tête, je me laisse porter par la mélodie pour écrire. Je passe d’abord par la musique pour arriver à mon texte.

Est-ce que tu as été tenté de sortir un projet uniquement en acoustique ?
Non, pas du tout. Je suis autodidacte en musique, donc mon chant vient complémenter la musique que je veux faire. J’ai l’impression de ne pas avoir assez de connaissances ou de technique pour faire seulement de la musique instrumentale. Si je le fais, c’est pour des commandes, comme pour un film ou une pub.

Tu as déjà eu des commandes comme ça ?
Oui, dernièrement j’ai composé la musique du Ballon d’or. Un ami travaillait sur la vidéo du Ballon d’Or, et m’a mis sur le projet. C’est très éloigné de ce que je fais d’habitude, mais c’était très cool à faire. C’est aussi très rare, car je préfère composer mon projet.

Est-ce que tu as envie de composer en français, ou de faire des collaborations avec des Français ?
Oui, j’ai commencé à écrire des trucs, mais pour le moment je ne sais pas si c’est sous mon nom que ça doit sortir, comme j’ai toujours tout fait en anglais et que j’expérimente d’autres sons. C’est quelque chose qui est venu sans que je me force, et donc même si c’était bizarre au début, puisque j’écris tout en anglais en premier, puis je traduis en français, je me suis demandé ce que j’allais faire avec mes inspirations en français. J’ai déjà écrit plusieurs chansons, mais pour le moment j’y travaille encore.

Ton EP, qui va bientôt sortir et qu'on a eu la chance de découvrir en avant-première, est très différent de ce que tu fais d’habitude dans sa musicalité et son instrumentalité…
J’avais envie d’aller plus loin, de revenir à des percussions, des choses plus rock, de retrouver cet amour de la batterie et des percussions, que ça tape plus fort. La ligne conductrice de l’EP c’était d’avoir un son plus grand, gros et fédérateur. Je me suis éclaté à le faire. J’ai commencé à le composer pendant le confinement, j’ai dû apprendre à m’enregistrer et à me produire, à chercher les sons dont j’avais envie, et utiliser ce qui m’entourait pour créer d’autres sonorités. Par exemple, la grosse caisse de High Hopes c’est mon point sur la table, dans d’autres chansons j’ai enregistré des valises…

Cet EP suit dans la chronologie ton album Yellow qui sortait il y a 3 ans, pourquoi revenir avec un EP et pas un album ?
Parce que ça fait 3 ans que l’album est sorti, et que j’avais envie de revenir tranquillement avec quelques morceaux, d’en défendre quelques-uns avant de revenir à 10/12 titres, 2 singles et des sons qui se perdent dans la masse. Je me suis dit que ce serait bien de revenir tranquillement avec ces chansons-là.

Quelle est la suite pour toi ?
Un album est prévu pour 2023. Je ne sais pas encore quand il sortira exactement, ni quelles chansons seront dessus parce que je suis en train de les composer et de les enregistrer sur la route, mais ce sera dans la même veine que les titres de l’EP.

Avec cet EP on sent une autre respiration, quel public tu voulais inspirer avec lui ?
A chaque fois j’essaye de toucher un maximum de gens, ou en tout cas des gens qui peuvent être concernés par ma musique. Évidemment j’ai envie qu’un maximum de gens puissent écouter mes morceaux, que ça amène à des concerts dans des grandes salles – comme le Trianon à Paris.

Tu as enregistré dans différents studios étrangers, tu as donc déjà une présence internationale, comment est-ce que tu la coordonnes avec ta conquête du public français ?
En tant que Français qui fait de la musique en anglais, je ne sais pas trop quelles conséquences ça peut avoir à l’étranger. Bien sûr des gens m’écoutent à l’étranger, mais pas vraiment des anglophones. Je suis très écouté en France, en Allemagne, aux États-Unis, mais pas assez pour que ma musique touche un public anglophone. Et puis il y a déjà tellement de gens qui font de la folk en anglais. Il faudrait que l’un de mes titres soit un gros tube pour que les anglophones se tournent vers un Français qui fait de la folk.

Comment tu analyses la scène musicale acoustique et folk aujourd’hui ?
En France ce n’est pas facile de mettre la lumière sur la folk en anglais, mais je ne baisse pas les bras. Et puis ça marche quand même, il y a plein de groupes qui font de la musique en anglais dans de belles salles parisiennes. Mais ça reste concentré à Paris : même des gros noms comme Bon Iver ou Mumford & Sons ne font qu’une seule date parisienne quand ils viennent en France. Heureusement, le public acoustique c’est un public que tu gardes, qui ne se lasse pas.

Tu as une expérience très organique depuis ton départ, avec un parcourS de rêve pour de nombreux artistes, qui aujourd’hui plutôt que de passer par ces étapes-là vont passer par des outils numériques. Comment tu analyses ce virement ? Terminé, le succès dans le métro ?
Les réseaux sociaux ont une place énorme sur la scène musicale aujourd’hui, et c’est difficile de faire sans, mais ça ne fait pas tout et on sera toujours touché par quelqu’un qui joue devant soi, dans le métro ou non. Avec les réseaux sociaux, tu peux toucher plein de monde mais ça ne veut pas dire que ça va marcher.

Tu as d’autres projets en plus de l’album ? Tu aurais envie de faire l’Eurovision par exemple ?
On m’a proposé de le faire il y a quelques années, j’ai refusé car ça ne me correspond pas, je ne pense pas être le mec qu’il faut pour ce genre d’émission. Ça peut être un tremplin de malade, mais ça m’a fait peur. Quand on m’a proposé j’ai dit non direct, et pour l’instant ça ne me dit rien, mais on ne sait jamais.

Et ce soir, le concert…
Je fais mon premier concert à Paris depuis 2019. Je vais pouvoir présenter mes nouvelles chansons, en jouer des anciennes, voir lesquelles sont les meilleures. Ce ne sera pas comme en 2019 au Café de la Danse, là je reviens avec l’EP, dans un espace particulier qui n’est pas une vraie salle de concert. C’est super pour reconnecter avec les gens, d’être ensemble, de se voir et se parler. Les gens vont découvrir "Glory Days" et "Show Me That You Love Me". J’aurais aussi des EP physiques pour des ventes avant la sortie du projet.

Et pour conclure ce moment, si tu devais donner deux phrases pour donner envie aux lecteurs de Future Face d’écouter l’EP ?
S’ils ont envie de voyager, d’avoir des images de paysages, je pense que c’est possible à travers ma musique. Pareil s’ils ont envie d’avoir un peu d’espoir pour affronter l’hiver qui arrive.

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Auteur : Mathilde

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