Charlie se dévoile dans son EP "Réel" : "Je pensais arrêter complètement la musique"

Charlie se dévoile dans son EP "Réel" : "Je pensais arrêter complètement la musique"

Après un passage remarqué dans The Voice Kids lorsqu'elle était jeune, et un premier "vrai rôle" comme elle le décrit dans la série ReuSSS (disponible sur FranceTv Slash), la chanteuse Charlie ajoute une ligne à son CV en sortant son premier EP Réel. Récits d'amours sans eau de rose, ce projet décline le love en six variations pour mieux toucher à l'essence de l'amour. Car après tout, si l'amour se ressent au pluriel, pourquoi ne pas le chanter comme tel ? Un projet symbolique, et presque salvateur, que l'artiste est venue raconter à Future Face.

Salut Charlie, aujourd’hui est sorti ton premier EP, félicitations ! C’est ton premier projet, même si on te connaît pour ton rôle dans la série ReuSSS, et on se demandait : quelle est l’histoire de cet EP ?
En effet c’est mon premier projet musical, je n’avais jamais rien sorti avant. Je faisais parfois des covers, mais je n’avais rien publié qui m’appartenait vraiment. Et pour son histoire, si mon premier métier, c’est la comédie, j’ai très vite eu envie de faire de la musique. Et il y a quatre ans, j’ai rencontré deux productrices qui m’ont fait la misère. Je devais sortir un projet avec elles, mais ça n’a pas eu lieu : je suis partie en procès. J’ai vécu une expérience horrible et traumatisante, et après ça, je ne voulais plus du tout faire de musique, j’ai été complètement dégoûtée. Je me suis ensuite fait des amis dans la musique, et ils connaissaient Pauline Raignault, qui m’a alors fait rencontrer mon producteur actuel Youssef Erraji de chez RexMusic. J’étais réticente à l’idée de bosser avec lui, à cause de ma précédente expérience, mais il m’a laissé le temps de bien le connaître avant de me signer. Une fois signée, on avait pour projet de faire un EP, et j’avais beaucoup de mal à créer. Il m’a alors présentée à Nizar El Tayeb, qui est devenu un modèle pour moi et m’a aidée à écrire en plus de me faire rencontrer Julien Neufond Safarian (compositeur), et Tom Bonal XAVii (au mixage de l’EP). On est partis en résidence pendant trois jours, et en trois jours, on a fait l’EP. Je ne les connaissais pas du tout, mais il y a eu une telle alchimie entre nous, que c’est maintenant avec eux que je bosse tout le temps. Voilà l’histoire de l’EP.

Quelles sont tes inspirations ?
Les principaux artistes qui m’inspirent sont Jorja Smith, Snoh Aalegra, Rosalia et Daniel Caesar. Ils font des sonorités qui me parlent, mais qui sont difficiles à retranscrire, notamment en français.

Justement, tes premières compos, tu les écrivais en anglais, et tes inspirations sont anglaises : comment alors expliquer ton passage au Français ? Surtout que tu fais quelques insertions en espagnol…
Je ne suis pas bilingue, et même si je parle très bien anglais, je ne me sens pas légitime à raconter des choses en anglais. Si je dois faire des interviews en anglais, je n’arriverai pas à défendre ma musique et mes chansons. J’ai essayé d’écrire en français, mais je n’y arrivais pas : c’est pour ça que je me suis entourée de gens qui ont su m’aider. Et finalement, je suis super contente d’avoir écrit en français, c’est ma langue maternelle, et ça me permet de vraiment transmettre mes émotions. Quant à l’espagnol, ça me tenait à cœur d’en mettre dans mes morceaux, car ma maman est Espagnole.

Tu dis que tu veux défendre tes chansons dans des interviews en anglais, donc tu te projettes beaucoup avec cet EP ?
Je souhaite le meilleur à cet EP, car je sais que le monde de la musique est très fermé, mais au moins, j’y ai quelque chose qui m’appartient, une carte de visite. Je garde les pieds sur terre, et j’espère que ce projet trouvera son public même s’il est petit. Je veux surtout trouver des gens pour me soutenir pour la suite.

Il t’a aussi permis de rencontrer ton équipe actuelle.
J’avais vraiment du mal à faire confiance aux autres après ce qui m’est arrivé, et je pensais arrêter la musique, je ne me voyais pas continuer. Je voulais faire les choses seules, sans m’entourer de qui que ce soit. Je suis d’ailleurs très décisive par rapport à cet EP, et Youssef me laisse choisir ce que je veux.

Tu voulais arrêter la musique, mais qu’est-ce qui t’a fait continuer ?
Je ne voulais pas complètement arrêter la musique, j’allais continuer d’en faire pour moi, mais je ne voulais être signée nulle part. La musique, c’est ma passion, c’est ce que j’aime le plus faire, mais la face cachée du milieu de la musique m’avait tellement dégoûtée que je ne voulais plus de ça. J’ai retrouvé confiance grâce aux conditions qu’on m’a donnée, qui étaient les meilleures. Face à de telles conditions, je me suis dit : "Donne-toi la chance de réessayer".

C’est ta passion, mais l’acting est ton premier métier, celui que tu exerces au quotidien : tu te vois évoluer à la fois dans la musique et la comédie ? Ou plutôt l’un que l’autre ?
Pour l’instant, je pense évoluer dans les deux, car l’acting c’est mon métier, ce avec quoi je mange, mais la musique reste ma vraie passion. Quand j’étais plus jeune, j’ai commencé à travailler par la comédie musicale, donc les deux étaient reliés. Mais même aujourd’hui, je réussis à jongler entre les deux, car je ne suis pas tout le temps en tournage ou en studio. Je réussis à équilibrer les deux, mais la musique me tient vraiment à cœur, c’est plus personnel.

Pour en venir au projet, tu y racontes différentes formes d’amours, comment ça se fait ?
Pendant la résidence, avec Tom, Julien et Nazir, on s’est demandé sur quoi on voulait écrire. Je suis une grande amoureuse, donc l’amour m’est directement venu à l’esprit. On m’a toujours dit de ne pas écrire dessus, que c’était un sujet commun en musique, mais je voulais m’écouter avec ce premier projet. Je voulais parler d’amour, par rapport à notre génération, car il n’a rien à voir avec celui de nos parents ou de nos grands-parents. C’est pour ça que je parle beaucoup des réseaux sociaux. Je trouve qu’on désacralise beaucoup l’amour, qu’il y a beaucoup de sentiments qui se mélangent.

Il y a d’autres thématiques que tu aimerais aborder à l’avenir ?
Oui, j’aimerais parler du harcèlement, de la confiance en soi. Avant de tourner ReuSSS, j’avais du poids en plus que j’ai dû perdre pour le rôle, donc pendant quelques mois, j’ai développé quelque chose de malsain vis-à-vis du corps et de la nourriture. Je trouve que c’est un gros problème dans notre société, qui me révolte. Et le seul moyen pour moi d’en parler, c’est en chanson. Mais il y a tellement d’autres sujets que j’aimerais évoquer, comme la relation parents-enfants… Il n’y a pas de sujet interdit dans la musique !

La relation entre les parents et les enfants, c’en est une que tu abordes dans ton morceau "Madre". Un morceau étonnant dans la chronologie de cet EP d’ailleurs...
Il y a deux raisons à ce morceau. La première, c’est que lorsqu’on parle d’amour, on oublie l’amour entre les enfants et les parents, qui est aussi très fort. La deuxième, c’est que la veille d’un jour où j’allais au studio pour enregistrer, je me suis disputée avec ma mère. Arrivée au studio, j’ai voulu faire un morceau pour me réconcilier avec elle. Je suis très pudique vis-à-vis de mes parents, je ne dis pas assez à ma mère que je l’aime par exemple. J’ai donc enregistré le morceau, et le soir, je lui ai fait écouter. Ça a marché, on s’est réconciliées, et même si je ne voulais pas spécialement le mettre sur l’EP, il a pris tellement d’importance pour moi que je l’ai rajouté.

Comment réussir à concilier lumière et pudeur ? Toi qui te dis très pudique, tu te mets pourtant à nu avec ta musique.
Je ne suis pas encore à un stade de notoriété où j’ai besoin de protéger ma vie. Sur les réseaux sociaux, je suis plutôt moi-même. Pendant un temps, je retouchais les photos, je craignais le regard des autres, mais depuis 1 an et demi, je suis plus honnête. Avec les réseaux sociaux, je pense qu’il faut doser. Par exemple, j’ai un compte privé, avec mes meilleurs potes. Et par rapport au cinéma, dans les interviews on ne me pose pas trop de questions privées, on m’interroge plutôt sur les rôles que j’incarne. Dans la musique bien sûr, c’est différent. 

Comment définirais-tu ton identité musicale au regard de ton travail ?
Je te dirai que c’est pop. Je sais que je peux aller dans plein de styles différents, mais cet EP là est vraiment pop. Mes premiers amours sont le jazz et la soul, et j’aimerais bien aller là-dedans plus tard. Je ne suis pas fermée à d’autres styles, j’ai bien envie de voir ce qui fonctionne avec ma voix.

Tu travailles déjà sur d’autres choses ?
En ce moment, je suis en tournage pour un unitaire sur l’histoire de Tessae où j’incarne son rôle, donc je suis concentrée dessus, mais dès que j’ai fini, je retourne en studio direct. 

Et qu’est-ce que tu tires de ton expérience sur ReuSSS ?
C’était une super bonne expérience, aussi bien humaine que professionnelle, et c’est l’un de mes meilleurs tournages. Je m’y suis fait des potes, ça m’a donné confiance en moi, et c’est l’un de mes premiers vrais grands rôles. Mais je reste quand même en apprentissage.

En dernière question, quel conseil donnerais-tu à quelqu’un qui débute dans la musique pour ne pas vivre ce que tu as vécu ?
Pour moi, la base, c’est d’être bien entouré. Je suis très bien entourée, mais je suis aussi très têtue, et je me suis lancée dans cette première expérience alors que ma mère m’avait prévenue que ça allait mal se passer. Mais on ne peut jamais savoir en réalité, et ce serait trop simple de dire que quand on ne sent pas la personne, on ne doit pas y aller. La base, c’est d’être entouré, de se faire confiance et de s’écouter. On doit toujours écouter les autres, mais en vérité, on est seuls maîtres de ce qu’on veut faire. Donc mon conseil serait de s’écouter, de se faire confiance.  

Avec déjà plus de 14 000 auditeurs sur Spotify, Charlie fait un premier grand pas dans l'industrie musicale. Reste à voir ce que l'avenir lui réserve. On ne sait pas si on est prêt pour ce qui va suivre, mais une chose est sûre : on restera attentif. Vous aussi ?

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Auteur : Mathilde

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